Un professeur qui surgit hors de la nuit [Caleb]

30/04/2020

Les journées raccourciraient un peu plus chaque semaine, et l’obscurité avait un effet pesant sur moi. J’ai toujours adoré la lumière, les éclats, la chaleur, et si l’hivers était synonyme de chants de noël, moi j’avouais que parfois j’avais un peu le blues.

Au j’avais ma classe, et c’était mon rayon de soleil de la journée. J’adore ce que je fais, et faire découvrir l’art sous toute ses formes à des étudiants aussi diversifiés c’était quelques chose d’énergisant. On sortait d’une séance enivrante sur l’anatomie d’un poste radio d’époque, coucher ce dessin sur le papier, c’était comme remonter dans le temps.

Même si la nuit assombrissait le ciel, il était trop tôt pour rentrer et je n’avais aucune envie de moisir devant la télé. Je choisissais l’option de l’incertitude, avancé vers une heures meilleurs, celle de l’happy hour. C’est l’heure des boissons à moitié prix et je ne voulais pas rater ça.

Accoudée au bar avec un cocktail qui me rappelait cet été déjà trop loin, je profitais de cet instant paisible. J’aime me retrouver seule parfois, et méditer sur le sens de ma vie. Et pourtant, je reconnais cet homme un peu plus loin, même en dehors de l’école, je n’étais pas séparé de tout le monde.

C’est un des professeurs, il me semble, je ne les connais pas tous, mais lui, il a des traits qui me plaisent. Du moins que j’aspirais à dessiner, à photographier, mais le prendre d’assaut à l’école s’aurait été mal venu ? Ici, rien ne m’empêchait d’approcher, mon appareil photo pendu souvent aujourd’hui de mon cou quand je sors, et je fais un cliché de l’homme au bar, en essayant de capturer cet instant avant qu’il me voie.

Je le prends en photo une deuxième, et troisième fois, amusée à l’idée de saisir l’émotion qui suit, son interpellation. Je lui souris, et relâche l’appareil qui retombe facilement à mon cou. Pas de doute, c’est bien le prof de l’école … informatique, enfin, je crois ? Je ne lui ai adressé que quelques bonjours devant une tasse de café tiède à la salle des profs.

- On se connait je crois !?

07/11/2023

Ce soir c'était relâche, j'avais besoin de prendre l'air, voir du monde, des vrais gens et non pas des étudiants qui vous prennent pour un con parce qu'ils connaissent déjà l'informatique. J'avoue que c'est déplaisant de se sentir rabaissé par des gamins qui s'abrutissent devant des télé-réalités dans lesquelles les participants ont un QI de pois chiche c'est pour dire. Mais c'est aussi très plaisant de les rembarrer sur quelque chose qu'ils ne connaissent pas. Je reste bien entendu dans le programme scolaire car bien qu'étant un pirate, je suis avant tout un professeur... officiellement.

Ce soir, je voulais oublier ces crétins dont certains sont de véritables idiots, je n'avais pas envie de pirater, je voulais m'occuper de moi, prendre un verre et discuter avec des adultes. J'avais pris la direction d'un bar dont le nom avait du être trouvé après que le propriétaire ait fumé un bon paquet de "Marie-Jeanne" car il n'y avait rien de logique dans le nom...

Assis au bar après avoir commandé ma bière, je me vidais l'esprit, je ne pensais à rien, j'étais bien, serein, zen, j'étais là, à cet instant et j'oubliais presque le monde qui m'entourait. A un détail près... Je sentais un regard sur moi, je pu voir du coin de l'oeil qu'il s'agissait d'une femme qui manipulait quelque chose dans ma direction sans savoir de quoi il s'agissait.

Je la laissais faire faisant mine de ne pas l'avoir remarqué mais elle refit le même geste une nouvelle fois, je tournai la tête pour voir qu'elle me prenait en photo. Je n'aimais pas être pris au dépourvu, c'était en quelque sorte du vol maintenant que je l'ai vu. Elle s'approcha de moi et je remarquai de qui il s'agissait, le ton sec que je voulais employer allait être plus doux, plus amical sans une certaine menace pour lui faire comprendre de son erreur.

"On se connait oui, on se voit tout les jours même mais avant est-ce que tu sais que prendre quelqu'un en photo sans lui demander son avis est considéré comme du vol?"

J'avais le tutoiement facile avec mes élèves mais aussi avec mes collègues de boulot, c'était plus facile pour communiquer je trouve et puis si quelqu'un n'était pas content, je vouvoyais pour éviter tout problème.

"C'est un peu décevant de voir qu'une prof d'arts plastique ne se souvient pas de moi. Allez seconde chance, dis moi comment je m'appelle ou la matière que j'enseigne et je te donnerai peut être l'autorisation de garder mes photos."

30/04/2020

En entrant dans ce bar, je ne m’étais pas attendu à y croiser quelqu’un que je connaissais. C’est un bar un peu audacieux, et les rumeurs circuleraient de bon train à l’école si ça venait à s’ébruiter. J’avais toujours eu la main facile sur l’appareil photo, et en m’approchant de lui, je ne m’attendais pas à ce que monsieur soit soupe au lait.

Il m’expliquait l’ampleur de mon larcin quand je laissais l’appareil retombé le long de mon cou. Est ce qu’il était sérieux ? Du vol ! Je vois que j’avais à faire à quelqu’un de plus coincé que j’aurais pu l’imaginer. Pas de doute, c’était bien le professeur d’informatique, et il me faisais comprendre qu’on se voyait chaque jour.

- Excuse-moi, mais si on se voit chaque jour, où est le mal d’avoir une photo de toi ! Dis-toi que c’est un jour comme les autres, où je t’ai vu.

Je ne sais pas s’il était sérieux ou pas … Je lui donnerais la pellicule s’il ne voulait vraiment pas se prêter au jeu. Mais il me laissait une chance de prouver que je me souvenais de lui, comme pour avoir l’autorisation de garder la photo. Alors je me lance sur mon idée première, pour ne pas le vexer.

- Informatique !? Monsieur … Donaldson ? Jemison ? Bakason ?

C’est sur qu’il y a du son dans son nom, enfin je crois … j’essayais plusieurs combinaison pour voir la réaction de l’homme un peu trop fière. Lui en tout cas avait dû faire plus attention à moi, il sait que je suis prof d’art plastique. Est-ce que je devais le prendre bien ou pas ?

Je soupire en faisant un geste au serveur pour qu’il s’intéresse à nous. Je commandais une autre coktail pour combler mon verre qui c’était vidé trop vite. Je ne voulais pas terminer la tête à l’envers, mais c’était ma façon de briser la glace avec le presque plus tout à fait inconnu.

- Un autre pour moi, et … Donald, tu prends quoi ? C’est ton jour de chance, c’est moi qui invite.

07/11/2023

Elle ne semblait pas comprendre que le fait de prendre une photo d'une personne sans lui avoir demander son avis était une atteinte à l'image ou un truc de ce genre. Personne ne savait qui j'étais dans l'ombre, personne ne connaissait le visage du pirate informatique que je suis donc effectivement il n'y a pas de problème a proprement parlé de la photo, si par hasard ma photo se retrouvait sur le net ça ne me gênerait pas. Et puis, si cela arrivait, je pourrais toujours la supprimer.

Je fronçai les sourcils quand elle tenta plusieurs noms de famille erronés, c'était décevant... Je bu une nouvelle gorgée avant de lui répondre. Je n'aimais pas qu'on se trompe dans mon nom, ça ne me mettait pas dans une colère noire non plus mais c'était vexant car la plupart de mes collègues se souvenaient de mon nom alors que elle, une jolie blonde n'y arrivait pas... Pour un macho, on pourrait dire qu'elle est blonde et qu'elle n'a pas beaucoup de cerveau mais ce serait vraiment dégueulasse de penser ça, donc heureusement que je ne suis pas ce genre d'homme.

"C'est terrible d'avoir une perte de mémoire à ton âge... Je m'appelle Caleb Hewardson. Tu avais déjà trouvé la fin de mon nom de famille petit ours c'est déjà bien."

Je fis un geste au barman pour qu'il me remette la même chose.

"Tu fais quoi ici à part prendre des photos de mecs dans des bars?"

30/04/2020

Le garçon était vexé que je ne me souvienne pas de son nom, j’avais une meilleure mémoire photographique qu’auditive. Qu’est ce qu’un nom après tout ? S’il portait un autre nom, il garderait ce visage de garçon beaucoup trop jeune pour être pris au sérieux par ses élèves.

Proposant de lui payer un verre, je voulais qu’il arrête son numéro de diva. Quand je sortais des murs de l’école, j’étais une autre personne. Si je ne m’imposais déjà pas de grande contrainte en tant que prof, je refusais d’en avoir en dehors du lycée.

- Caleb !? Tu vas arriver à t’en remettre ?

Il fait son dur, mais je sais qu’au fond c’est surement un grand timide. Je ne l’ai jamais vu se méler beaucoup avec les autres professeurs, alors après il ne peut pas crier au scandale si on oublie son nom.

- Maintenant j’ai une image de toi dans ma tête, avec un gros tatouage écrit Caleb sur ton front. Promis, la prochaine fois, ça reviendra.

C’était mon moyen à moi pour me souvenir, j’avais besoin de visualiser les choses. Je lui fais partager ma vision, en souriant, parce que ça apparaissait vraiment maintenant dans ma tête. Une fois la commande passée, j’espérais qu’on pourrait enfin se détendre, briser la glace passer à autre chose.

En me posant près de lui, je le toise du regard, ses yeux restaient étrangement mystérieux. Si je pensais au début qu’il voulait me taquiner, je me rends compte qu’il était sérieux sur le sujet de son identité sur mes photos. Je dépends alors l’appareil de mon cou pour l’avancer vers mon voisin, sa photo affichée à l’écran.

- Monsieur Hewardson ! Est-ce que vous m’autoriser à conserver cette photo très intime de vous ??

Il y avait deux photos, je switch entre l’une et l’autre qui avait un peu moins l’air sérieux que sur la précédente. Elle était les deux parfaitement net, mais quand on a du bon matériel, c’est dur de trouver une photo floue.

Je laisse mon voisin profiter de ses photos en arquant un sourcil lorsqu’il me demande pourquoi je suis ici. C’était surement à moi de lui retourner la question, parce que clairement il y avait plus de filles que d’homme autour du bar, ces messieurs étant principalement sur la scène en tenue légère.

- Qu’est ce que toi tu fais ici tu veux dire ? Tu es là pour mater les mecs ? Ou tu regardes en bavant les filles qui bavent ?

07/11/2023

[Pardon pour l'attente]

Je me mis à rire quand elle utilisa un autre ton pour prononcer mon prénom, c'était mignon, on dirait un chaton qui montre son dos pour se faire plus gros qu'un chien sauf qu'elle en était loin. Si j'étais sérieux avec ma photo c'était pour une raison bien particulière et puis si jamais elle se retrouvait sur internet pour une raison ou pour une autre, je pourrais facilement la supprimer...

Je comprends pourquoi elle réagit comme ça, c'est logique mais il faut comprendre la partie adverse, les indiens pensaient que si on les prenait en photo, ça absorbait leurs âmes et donc aucun moyen de se retrouver auprès des grands esprits... Je me décidai de prendre ce qu'elle dit avec humour, si je refuserais de lui donner mon accord, elle m'en voudrait et je ne souhaite pas particulièrement me la mettre à dos...

Je regarde les photos avec attention, il est vrai que je suis beau là dessus, elle est douée, il y a celle où je suis sérieux et l'autre où je le suis un peu moins. Je n'aime pas être pris en photo, ce n'est pas ma faute, je ne sais pas comment me poser, je ne suis pas mannequin, juste un prof.

"Il y a plus intime comme photo mais oui tu peux la garder."

Les questions qu'elle me posa me perturba, en réalité, je n'avais pas remarqué que c'était un bar de ce genre, où c'était les hommes qui dansaient et non les femmes... après ça ne me dérangeait pas plus que ça, un bar est un bar qu'il soit pour homosexuels ou bar à strip tease, du moment que l'ambiance est bonne, il irait dans ce bar.

"Tu n'as pas répondu à ma question mais je vais répondre à la tienne. Je suis venu par hasard, pour me détendre, boire un verre, voir du monde en dehors des élèves et tomber sur des collègues."

Je lui souris avant de boire une gorgée de mon verre.

30/04/2020

C’était assez amusant de trouver ce professeur dans un bar où il ne semblait pas venir régulièrement. Il y avait une certaine ambiance, ce qui me plaisait justement c’est qu’en général je ne retrouve personne que je connais ici. Ce qui me laisse échapper un rire lorsque l’homme parle de retrouver des collègues.

- Je vais t’annoncer un truc qui va te navrer alors ! Mais il n’y a jamais de collègue ici ! Enfin, juste les plus aventurier.

Mais c’est amusant en effet de sortir du cadre de l’école, et de retrouver des gens qu’on connait, en tout cas qu’on croyait connaitre. Je viens alors m’assoir pas loin du professeur, après lui avoir montré les photos qu’il m’autorisait à conserver. J’étais sérieuse et comptait bien supprimer celle qu’il me demanderait.

- Moi c’est l’inverse, je viens ici pour être tranquille. Je veux éviter de tomber sur des gens que je connais. Les gens sont moins prises de tête dans ce genre d’endroit, étrangement, c’est le seul bar de la ville où je ne me fais pas draguer.

C’était assez compliqué pour une fille de sortir sereinement, c’était quelque chose que le garçon ne pouvait certainement pas comprendre. Enfin, peut être qu’il comprendrait avant la fin de la soirée, parce que je crois que c’est lui qu’on regarderait plus que moi ce soir.

Je lui souris, et m’amuse à le dévisager un peu, habituellement je ne lui accordais pas plus d’attention qu’à un autre professeur. Il fallait avouer qu’il piquait un peu ma curiosité maintenant, monsieur était sorti de sa zone de confort, et ça me plaisait bien de le voir évoluer sans brassard dans le grand bain.

- Et j’espère pour toi que tu ne croiseras pas d’élève non plus !

Le bar était réservé aux adultes, mais on n’est pas à l’abris de quelques resquilleurs. Je reste assise près de Caleb, et continue à observer ses réactions. La luminosité était surtout braquée sur la scène, et c’était difficile de partager un regard au milieu de cette obscurité. D’ailleurs, c’est ce qui me plaisait au départ, mais qui viendrait peut-être gâcher la fête ce soir.

- Parle-moi de toi Hewardson ! Tu as toujours voulu être prof ? Ou c’est la voie de secours d’un mec qui à raté son plan de carrière ?