Je ne le trouvais pas, j'avais beau user de mes talents, je n'arrivais pas à le localiser. Gêne avait tout bonnement disparu de la surface de la Terre. Je trouvais toutes les infos que je souhaitais, je trouvais ce que je voulais mais lui, impossible...
J'avais pris la décision de prendre la direction du commissariat, il fallait que j'utilise d'autres moyens pour le retrouver. Je montrai une photo de mon ami au policier qui était à l'accueil. Il essayait de m'expliquer que Gêne est majeur et qu'il est libre de "disparaitre" quand il veut. Il essayait de me rassurer mais je restai fixé sur mon idée.
"Ecoutez je m'en fous de ce que vous me dites! Mon ami a disparu et je voudrais que vous le retrouviez! Il ne disparait pas comme ça sans rien dire!"
J'avais beau être dans un commissariat, je commençais à perdre patience. Je haussai la voix mais il fallait me comprendre, mon ami, mon meilleur ami, mon frère même avait disparu depuis un bon moment maintenant. Je l'ai connu par hasard, je le connais, je sais ce qu'il fait dans l'ombre, j'accepte ce qu'il fait comme il accepte ce que je fais, il m'a demandé de l'aider à plusieurs reprises. Il y avait une confiance mutuelle entre nous, il sait que je ne le trahirait jamais comme lui ferait la même chose.
"Si vous ne pouvez pas faire ce travail, dites moi qui peut le faire!"
Je sentais les regards se poser sur moi, je pouvais sentir les flics me regarder avec suspicion, ils semblaient être prêts à me foutre dehors mais je ne partirais pas tant que je ne saurais pas qu'on allait le rechercher.
J’étais à l’étage, dans mon bureau lorsque du grabuge provenant du rez de chaussée du commissariat, me sors de ma lecture. Je me redresse tout en tendant l’oreille, mais ne parvient à entendre que quelques brides de conversation. Cela ne cessant pas, je quitte mon bureau pour me rendre sur le palier d’où j’entend un homme protester qui apparemment ne semble pas recevoir l’aide qu’il recherche.
Je jette un rapide coup d’œil vers mon bureau, mais je sais très bien que tant que le calme ne sera pas revenu, je serais incapable de me remettre au travail, alors c’est tout naturellement que je descends les marches pour rejoindre l’inconnu apparemment non satisfait, à l’accueil. Je fais un signe de la main au personnel s’occupant de celui-ci, lorsque je l’entends nommer mon grade prêt à s’expliquer.
« Je vais m’occuper de Monsieur »
Je lui adresse un sourire avant de me tourner vers l’inconnue, main tendue en sa direction pour faire les présentations.
J'entends une voix féminine derrière moi. A voir la tête de la personne à l'accueil, j'ai pensé que cette personne était un haut gradé. Je me suis retourné pour faire face à une jolie blonde qui ne tarda pas à me donner son grade. Commissaire? Elle devait avoir son âge à quelques années près, elle allait pouvoir m'aider, enfin je l'espérais sinon Gene serait perdu, j'en étais certain.
Je lui serrai la main en montrant un sourire qui était loin d'être sincère, il y avait de l'inquiétude dans ce sourire, mon regard montrait même de la nervosité... Il faut dire que vu mon métier, c'était un peu comme se jeter dans la gueule du loup.
"Enchanté Commissaire. Mon ami a disparu et je n'arrive pas à le trouver. Votre collègue m'a bien fait comprendre que Gene est majeur et donc est libre de partir mais je lui ai dit que ce n'était pas son genre. Il me donne toujours de ses nouvelles!"
Je jette un regard noir à la personne à l'accueil pour lui montrer mon mécontentement et le mot est faible. J'espérais simplement que le commissaire se bougerait un peu plus le cul pour retrouver Gene. Ce que je ne savais pas et que je n'aurais jamais imaginé, c'était que je parlais à la femme de mon ami.
"Il faut m'aider s'il vous plait! Gene est comme mon frère."
Comment être capable de mettre des mots dans cette sensation ressentit lorsqu’il prononce ce prénom que ma tête essai d’effacer chaque jour de ma mémoire « Gene ». Il revient encore et encore dans ma vie, mais cette fois à travers la voix d’un inconnu. D’ailleurs… qui est cet homme face à moi ? Je ne l’ai jamais vu. Gene ne m’a jamais présenté qui que ce soit depuis notre rencontre, prétestant être un casanier…
« Je… Gene, vous dites… je… »
Il faut absolument que je me reprends et vite ! Si quelqu’un s’aperçoit que cet homme parle de mon mari, on va immédiatement me prendre le relai.
« Allons jusqu’à mon bureau d’accord, on y sera mieux pour… discuter »
Mon cœur bat à toute mesure. Une pensée s’envole pour mon fils qui ne l’a que très peu connu et qui le réclame pourtant sans cesse. Je l’invite à me suivre, prenant les escaliers pour rejoindre l’étage ou nous arrivons rapidement dans mon bureau. Après l’avoir invité à s’installer je prendre ma place et me sens réellement soulager d’être enfin assise… mes jambes étant prête à me lâcher d’un moment à l’autre. Je fais semblant de fouiller sur mon bureau, attrape une feuille, un stylo en cas de besoin pour prendre des notes et reprend, en essayant que ma voix ne tremble pas trop.
« Gene, vous disiez… j’aurais besoin d’en savoir plus au sujet de votre… frère ? c'est ça ? »
C'est étrange... Cette femme semblait perturbée dès que j'ai prononcé le prénom de mon ami, comme si... je ne sais pas, comme si elle le connaissait. Peut-être que je me trompe mais il y a eu ce petit changement chez elle qui me mettait sur cette voie, mais ce changement disparu rapidement comme si elle s'était rendu compte qu'elle était troublée et qu'elle devait se reprendre.
Je la suivi dans son bureau à l'étage assez silencieusement, cette personne, ce commissaire me perturbait, j'étais douée avec les gens, pour deviner ce qu'ils pensaient et aussi chercher sur internet, d'ailleurs, une petite recherche s'imposera quand je serai rentré chez moi. Je m'installai sur une chaise en face d'elle, l'observant chercher une feuille et un stylo pour noter d'éventuelles informations. Je sors une photo pour la poser devant elle.
"Ce n'est pas mon frère au sens lien sanguin mais plus un frère de coeur. On se connait depuis longtemps, on se voit régulièrement mais ca fait 1 mois que je n'ai pas de ses nouvelles et je suis très inquiet. D'ordinaire, on échange beaucoup mais là, rien, je l'ai appelé, lui ai envoyé des messages mais rien..."
Je la regarde attentivement, je devine de plus en plus son trouble et ça me perturbe.
"Je sais que vous avez l'habitude d'entendre ça, je sais que ce que vous allez me dire mais ce n'est pas son genre et oui il est majeur mais je veux savoir où il est, je veux être certain qu'il ne lui ait rien arrivé. Il... c'est..."
Je baisse les yeux, croisant mes doigts jusqu'à faire blanchir mes phalanges.
"C'est mon frère, mon... meilleur ami... ma famille... Aidez moi s'il vous plait."
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Mar 7 Nov - 19:34