Du foutage de gueule - Anastasia

La sortie récente avec ma mère s’était assez bien passée. J’avais toujours autant de mal avec le regard des autres à mon égard. Disons que pour quelqu’un comme moi, c’était toujours mon orgueil qui en mangeait une claque. Toutefois, j’avais passé un deal avec la psy qui était d’accepter les sorties et d’essayer de me foutre de l’opinion des gens. Fin sur le coup, je m’étais surtout mis à rire en mode ouais facile à dire. Bah quoi, ce n’était pas sur elle que les regards se posaient! En revanche, j’avais fini par comprendre un peu où elle voulait en venir et j’avais accepté son deal! Reste que comme tout le monde, j’ai mes hauts et mes bas dans mon cas les extrêmes sont assez bien présents. J’avais donc une de ses journées de merdes et j’avais osé annuler un rendez-vous Anastasia. Je n’avais pas envie de voir personne et je serais bien passé la journée sous mes couvertures pour rien voir et dire. Semble-t-il que je forçais trop en salle de sport et plutôt que de progresser, j’avais régressé. On n’arrêtait pas de me casser les oreilles de prendre ça mollo, mais je ne voulais pas! Je voulais juste continuer à avancer et là mon corps me disait stop. J’avais minimum une semaine à ne pas rien foutre et je ne le prenais pas du tout. J’étais frustrée et c’est en entrant dans ma chambre comme une furie que j’avais envoyé un SMS à Mamie pour lui dire que j’annulais notre rendez-vous.

Je n’étais pas capable encore de me transférer de mon fauteuil à mon lit, alors j’avais juste fermé ma porte et j’étais aller me réfugier devant la fenêtre de ma chambre avant de mettre mes écouteurs sur mes oreilles. Je regardais donc vers la fenêtre me perdant dans mes pensées. J’étais aussi enragé qu’à mon arrivée dans ma chambre, mais je sentais que je commençais à descendre doucement en pression. C’était parfait ainsi, j’arrivais donc à respirer un peu. Je sentais qu’on n’allait pas me foutre la paix tranquille. Apparemment l’intimité c’est surfait dans cet endroit de merde, mais en ce moment c’était surtout ma mauvaise humeur qui parlait. Pour ma défense, c’était rare que je me mettais dans ce genre d’état, mais là c’était vraiment du foutage de gueule! Me faire mettre au repos parce que je travaillais trop fort, faut le faire.

J’aurais dû me douter que ma grand-mère n’était pas genre à ce qu’on annule de cette façon. Pourtant, oui sur le coup de la colère et j’espérais qu’elle aurait compris. Je la respectais beaucoup trop pour lui taper ma mauvaise humeur dans la gueule et je n’avais pas envie non plus. Toutefois, oui j’étais déprimé et furieux. La prochaine semaine n’avait pas fini de me rendre complètement fou, ne sachant pas trop quoi faire de mes 10 doigts si je ne m’entrainais pas. Les belles leçons de morales que je faisais à Savannah en ce moment, je pouvais bien me les garder! J’étais fâché après mon corps qui refusait de suivre, ça m’enrageait à mort. Je n’avais pas saisi que mamie ne m’avait jamais répondu à mon SMS, mais dans ma tête c’était réglé et je n’allais pas la voir débarquer. J’étais donc là comme un imbécile devant la porte. Mes écouteurs étaient enfoncés dans mes oreilles, j’avais remarqué la lumière qui entrait dans ma chambre lorsqu’on avait ouvert celle-ci. Toutefois, ne voulais pas voir personne… J’avais envie d’envoyer valser celle-ci, croyant que c’était un membre du personnel de l’établissement dans lequel je vivais.

« J’ai dit que je voulais voir personne! »

Dit-je sur un ton qui ne laisse pas beaucoup de place à interprétation sur mon humeur du moment. C’était plutôt rare même que je parlais comme ça… J’étais assez apprécié dans ce centre, car j’avais non seulement souvent le sourire aux lèvres, mais j’essayais toujours de motiver les troupes. Le hic étant que ce n’était pas la personne que je pensais que j’avais rembarrer. Je sursaute quand je la sens contre moi, ayant cru qu’on avait juste rebrousser chemin. J’enlève quand même mes écouteurs sachant que pour elle c’était un manque de respect

« Merci pour le café… mais tu n’as pas vu mon texto? »

Dis-je en lui faisant un beau sourire fake. On s’était suffisamment inquiéter pour moi, j’avais l’habitude de faire le gars qui allait bien devant ma famille. Je me remonte un peu sur ma chaise pour faire genre je vais bien, mais bon vu la façon j’avais répondu au début, c’était mort pour le sourire.

« Tu vas bien mamie? »

La boisson chaude était quand même réconfortante, et je sens doucement la chaleur sur mes lèvres quand je prends une gorgée.

Mamie m’avait totalement sortie de mes pensées quand elle était arrivée. Je l’avais rembarré de façon pas super polie quand elle avait ouvert la porte, mais ça avait été plus fort que moi. J’étais dos à elle et non je ne l’avais pas vu. J’avais entendu son commentaire, mais sur le coup je n’avais même pas fait le lien que c’était elle. Je n’avais pas répondu, gardant mes écouteurs sur le coup. Le temps qu’elle se rapproche de moi, j’avais cru qu’elle était repartie, mais c’était mal connaître Anastasia Williams. J’avais donc fait le sursaut et évidemment je m’étais ressaisi un peu. J’avais effectivement été élevé par une magnifique famille dont elle était la matriarche et ce n’était pas dans mes habitudes de lui manquer de respect. Certes, ce n’était pas guère mieux si ça avait été un membre du personnel, mais ils étaient la raison de ma mauvaise humeur, ça et mon corps de merde qui me lâchait, alors j’avais bien le droit de les rabrouer non? Le contact de mamie était doux et même si j’étais d’une humeur massacrante, ça me faisait du bien de la savoir là. J’arrive quand même à lui faire mon magnifique sourire, mais rapidement je me rends compte qu’elle n’embarquait pas dans ma petite comédie. Il faut dire que mamie était très difficile à berner connaissant ses enfants et petits-enfants comme personne d’autre ne les connaissait.

« Je sais… je m’en doutais finalement! »

Je la laisse me faire un bec et même l’entour de mes grands bras après avoir déposé mon café quand elle s’approche de moi pour lui faire un câlin. Je la laisse s’installer dans un fauteuil près de mon lit. Inutile de mentionner que je n’avais pas du tout envie de voir des gens. Je tourne quand même ma chaise en sa direction pour avoir l’air poli et remets les freins. C’est le moment où je sens des spasmes dans mes membres paralysés. Celui qui a dit qu’on avait plus de sensation est vraiment un idiot… Des semaines que mes jambes pris de spasmes, me dérangeaient. C’est vraiment une sensation totalement désagréable. Je change d’air quand elle me demande ce qui se passait, clairement on ne lui en passait pas une à elle!

« Merci! »

Dis-je en ouvrant la boite de pâtisserie que j’avais déposé sur mes cuisses. J’allais évidemment en prendre soins! Je suis du type dent sucrée, mais avant ça ne dérangeait pas puisque je bougeais beaucoup. J’en prends quand même une, elle m’avait mis mes préférées dans le lot et je l’attaque puis la dépose sur une table au cas où elle voulait se servir. Je jongle quelques secondes à ce que j’allais lui dire, ne voulant pas trop inquiéter ma famille.

« Je suis contrarié parce que j’ai pas le droit de m’entrainer pendant 1 semaine. Mon stupide corps de merde, ne prend plus la charge d’exercices! »

Lire ici que j’avais peut-être pousser mon corps à bout, mais ça m’enrageait tellement de ne pas aller aussi vite que je le voulais. Avant mon accident, je m’entrainais deux fois plus et mon corps suivait. Là il n’y arrivait pas et ça m’enrageait! J’avais développé de l’enflure dans mon dos et ça me donnait des douleurs atroces oui, mais j’avais l’habitude de vivre avec la douleur.

Ma colère se sentait en ce moment et oui j’étais de mauvaise humeur. En ce moment, je considérais le personnel soignant comme des empêcheurs de tourner en rond, car j’avais l’impression qu’il me bloquait dans le retour à ma vie d’avant. Le hic, étant qu’ils savaient clairement ce qu’ils faisaient et que oui je poussais le bouchon. J’en avais déjà marre de cet endroit et je voulais retrouver ma vie d’avant. Hormis ma mère, Mamie était certaine la personne qui me connaissait le mieux sur terre et en réalité elle avait bien fait de venir plutôt de me laisser me morfondre dans un coin. Juste que je savais que j’avais une humeur massacrante. Mon canard, d’aussi loin que je me rappelais elle m’avait appelé de cette façon. Malgré tout, je m’étais un peu apaiser par son attitude et surtout par son câlin. Bon la prochaine semaine s’annonçait quand même complexe, mais pour l’heure ça fera ça de gagné. Elle avait réussi à me tirer un petit sourire en coin quand elle m’avait répondu.

« Tu as raison! »

Je l’avais laissé prendre place, pendant que je goutais mon café. Le personnel soignant avait raison que je poussais trop mon corps, j’étais très en douleurs en ce moment, mais j’avais l’habitude et j’endurais. Je me replace sur mon fauteuil et arrive même à lui retourner son sourire. Mamie avait vraiment un pouvoir magique sur moi pour m’apaiser.

« Je régresse au lieu d’avancer… Et là depuis quelques jours j’ai beaucoup de douleurs! » Certes, j’avais trop poussé, mais c’était la vérité. Mon corps réagissait en me provoquant des douleurs. Je reprends une nouvelle gorgée de mon café et lui dit… « Inquiétait pas maman avec ça… mais ça fait deux jours que je ne dors presque pas à cause de mon dos! » Je n’arrivais pas à ne pas m’en faire pour ma mère, elle en bavait beaucoup dans la vie et encore plus depuis mon accident. La dernière chose que je voulais c’était qu’elle s’en fasse encore plus pour moi.